samedi, décembre 22, 2012

Les bourgeois à la lanterne ! et après ?...


J’arrive de France après une bonne séquence sur l’exil fiscal de Gérard Depardieu et trouve dans ma boîte aux lettres le journal genevois « Le Temps » qui relaye le débat américain sur le fait qu’il faille taxer ou non les « plus riches ». Il y est question de « justice fiscale », d’égalité des citoyens mais aussi de solidarité et de patriotisme. Drôle de façon d’aborder ce problème qui ne tient pourtant qu’en une seule cause : le déficit de l’Etat !

Et je vous avoue franchement que cette « chasse aux riches », sport national français, me met mal à l’aise. Rien d’autre que l’envie ou la jalousie ne peut suggérer dans la plus grande partie de la population cette haine. Car qu’ont fait à tous ces prolétaires et autres français moyens, les Bernard Arnaud, Liliane Bettencourt et autres Gérard Depardieu ? Ont-ils tous, en quelques matières que ce soient, des dettes envers tous ces loups qui espèrent de toutes leurs tripes la curée à leur encontre ?

Comment faire comprendre à leur grande majorité de tous ces forts en gueule qu’ils sont manipulés et par qui ? J’ai imaginé que dans le village de Néchin, une fois par an, les habitants soient conviés à une agape qui va réunir sans souci de classe (un petit club Méditerranée quoi !) la plupart de ses habitants. Ce repas de fête devant être payé par chacun des convives. Bien sur que ce jour là Monsieur Mulliez s’est déplacé, tout comme Gérard Depardieu, pour ne citer qu’eux deux.

Monsieur Mulliez pourrait dire, car ses moyens financiers le lui permettent, qu’il prend la totalité de ces frais de bouche à sa charge. Mais ne serait-ce pas faire preuve d’une certaine condescendance de sa part, surtout dans ce grand moment où la distance sociale devait disparaître ? Monsieur Toutlemonde qui est venu autour de la table sachant avoir à payer son repas, refuse de voir Monsieur Mulliez payer pour son repas qu’il est bien encore capable de prendre en charge. Au milieu de la salle, Gérard qui fait connaissance avec ses nouveaux voisins, plusieurs verres dans le nez, fait étalage de la plus grande des truculences. Chacun veut l’approcher et lui faire signer un autographe pour la petite voisine qu’il fait bien rire.

Vient le moment de l’addition et le restaurateur qui pense avoir bien régalé tout son monde encaisse les prix des repas. Chacun paye ses 20 euros (nous sommes en Belgique) et se félicite de cette belle journée où il a pu rencontrer et parler avec des représentants de familles, somme toute, comme vous et moi dans la plus parfaite convivialité de voisinage. Demain, les salutations que tous ces gens se rendront avec un vrai sourire vont participer d’un certain bonheur commun.

Imaginons que le restaurateur ait à ce moment là, corsé l’addition à 50 euros par personne par exemple. Il est bien certain qu’un malaise se serait invité à la fête et l’aurait terni. Est-ce pour autant qu’un seul d’entre eux aurait simplement imaginé « faire payer les riches » ? Non ils auraient par contre tous trouvé que le restaurateur avait abusé d’eux et de la confiance qu’ils avaient mis en lui en venant à ces agapes.

Il en va ainsi de l’Etat français et de la place des citoyens. Là où le bas blesse, c’est dans la relation qu’ont ces citoyens et leurs voisins que la vie a fait riches. Pourquoi cette vindicte et cette haine contre eux, abondamment relayée par les médias. Pourquoi ces débats parlementaires pour savoir s’il importe, dans les budgets de demain, les faire payer plus. C’est bien déjà là semer la haine contre eux et dans ces conditions, les défendre contre une nouvelle taxation spoliatrice devient un combat d’arrière-garde. Car il y a là de toutes les façons les prémisses pour une taxation future. Il faut pourtant y renoncer si nous voulons être heureux demain et agir pour au contraire que la population débatte de l’intérêt d’avoir des riches autour de soi.

En effet même si cette taxe est repoussée aujourd’hui, le simple fait de poser le problème en ce sens va faire que dans l’esprit du public, se poser déjà la question va contribuer à légitimer cette manœuvre. Il suffira quand le public sera prêt de légaliser l’opération par une loi sans qu’aucun ou du moins la majorité comprenne que l’Etat ou du moins ses suppôts sont en train de tuer la poule aux œufs d’or ! Mais au bénéfice de qui bon Dieu ? Certainement pas à celui de la majorité des citoyens, car sinon les français devraient être les mieux nantis du monde vu le niveau des prélèvements actuels. Même déjà, certains politiciens en mal d’honnêteté, avouent volontiers que même si les 100 personnes les plus riches de France se voyaient confisquer la totalité de leurs avoirs (ce qui du moins pour eux ne peut se faire qu’une seule fois) cela ne résoudrait en rien le problème de l’année 2 ! Mais ils voient là quelque part une certaine « justice » fiscale.

Parfois (je dis malheureusement parfois) les dealers condamnés se voient confisquer la totalité de leurs avoirs. Faire payer à des milliers de personnes en 2012, plus de 100% de leurs revenus annuels, signifie-t-il que ces contribuables aient volé quoique ce soit ? Parce que si les Bernard Arnaud ou autre Gérard Depardieu ont détourné de l’argent public ou simplement ont fraudés le fisc, qu’on le dénonce publiquement et qu’on leur fasse rendre gorge ! Mais est-ce le cas ? Depardieu aurait participé à des films subventionnés par l’Etat français ? A-t-il extorqué ses cachets vis à vis d’affaires publiques donc ? Pourquoi l’Etat d’abord subventionne les films, pourquoi l’Etat accepte-t-il le système des intermittents du spectacle dont certains bénéficiaires n’ont d’ailleurs aucune vergogne à hurler contre l’exil de Depardieu ? N’est-ce pas là une nouvelle facette de la gabegie de l’Etat et d’œuvrer au dévoiement du bon sens individuel que devraient encore avoir les citoyens, simplement déjà pour bien voter ?

Alors pourquoi cet ostracisme de la part de l’Etat vis à vis des riches ? Que cache-t-il ? Pourquoi alimenter cette haine contre eux alors qu’on le voit bien, tous tant qu’ils sont n’ont jamais extorqué contre quiconque la moindre once de leur fortune et bien au contraire, sinon ils seraient en prison. Tout ce qu’ils gagnent, ceux qui contribuent à leurs recettes, qu’ils soient sportifs, acteurs ou sociétés commerciales entre autres, leur a été accordé d’une manière volontaire. Que ce soient des spectateurs, des téléspectateurs ou de simples clients des Auchan ou autres magasins de luxe entre autres. Ce n’est malheureusement pas le cas des impôts et taxes imposés par des lois et prélevés avec l’appui de la force publique. Sauf de s’exiler.

Les citoyens, car quand « le riche s’appauvrit, le pauvre meurt » n’ont donc aucun intérêt à haïr les riches. Déjà Adam Smith (1723-1790) énonçait que ce ne sont pas les riches qui sont le problème mais l’accès à la création de richesses qu’il importe de chérir. Alors à qui profite tous ces débats de savoir s’il importe ou non de faire encore plus payer les riches ? Bien sur que j’ai la solution. Réfléchissez-y de votre coté ou lisez quelques uns des articles précédents.

Merci de m’avoir lu. Pour la Liberté.

samedi, décembre 08, 2012

Parlons de fédéralisme utile

Bruno Frey lauréat du Prix Röpke pour ses travaux sur l’Europe

par Emmanuel Garessus, éditorialiste au journal Le Temps

L’économiste a créé un concept d’UE à plusieurs vitesses, une approche basée sur la résolution de problèmes concrets plutôt qu’un modèle centraliste
Bruno S. Frey, l’un des économistes suisses les plus connus et réputés à l’étranger, a été récompensé du Prix Röpke 2012 jeudi soir à Zurich.
Décerné par l’Institut Libéral en l’honneur du professeur à HEI Genève (de 1937 à 1966) et inspirateur du modèle d’économie de marché en Allemagne, Bruno S. Frey est récompensé, vingt ans après le non à l’EEE, pour ses idées en faveur d’une Europe de la diversité qui contraste avec l’UE actuelle. Professeur à l’Université de Warwick et fondateur du Center for Research in Economics (CREMA) de l’Université de Zurich, le chercheur a toujours critiqué le modèle centraliste de l’Union européenne. Bruno S. Frey, connu pour ses travaux sur l’économie du bonheur et de l’art, est d’ailleurs coauteur avec Georg Rich, ancien chef économiste de la BNS, du livre «franc suisse ou euro» (1999) où il détaillait les défauts structurels de la monnaie unique.
Dans son allocution, Bruno S. Frey a proposé une approche totalement décentralisée et flexible, une UE fondée sur la concurrence des régions, et non l’harmonisation. «Il existe une alternative à l’UE actuelle», a-t-il expliqué aux 150 personnes présentes.
Son modèle s’inscrit dans une sorte d’Europe à la carte. La recherche de solutions aux problèmes concrets doit être le point de départ de la construction européenne. A cette fin, il a développé le concept d’entités politiques endogènes (EPE) selon lequel seules les entités politiques les plus petites (cantons, communes, quartiers) peuvent gérer un problème au moindre coût. Il se fait l’avocat d’une Europe de bas en haut et non centralisée. «Pour résoudre les problèmes touristiques du lac de Constance, les décideurs de la région, Suisses, Autrichiens et Allemands doivent se réunir, débattre et trouver un consensus. Ce n’est ni à Berlin, ni à Berne, ni à Bruxelles de s’en occuper», a-t-il expliqué. De même pour les nuisances sonores de l’aéroport de Zurich. Les EPE doivent être organisées démocratiquement et légitimées.
Bruno S. Frey s’insurge contre une UE organisée en Etats nations, sur la base de structures territoriales. «Pourquoi faudrait-il qu’un Etat candidat à l’adhésion soit obligé de reprendre intégralement les 170 000 pages de lois de l’acquis communautaire? C’est une forme d’arrogance de croire qu’il s’agit d’une vérité absolue», a-t-il affirmé.
Son idée des EPE offrirait aussi une réponse aux désirs d’autonomie des Basques, Catalans ou Irlandais. Ainsi qu’aux besoins de coopération avec la Turquie.
De facto, l’EPE de Bruno S. Frey se réfère à l’Europe des origines, celle de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) et sa logique de paix et de coopération économique.